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Précisions au sujet de Capital et Valeur











Un ami m'écrit: Dans la Revue Temps Critiques (article que Jacques Wajnsztein m'a envoyé) ils est écrit :



"Dans notre texte « Quarante ans plus tard. Retour sur la revue Invariance», nous avons analysé l’évolution de cette revue et la portée des notions essentielles que J. Camatte et d’autres y ont développées. Nous y rappelons notamment les apports substantiels de deux membres français d’Invariance (ignorés de Cooper) : Henri Bastelica et Jean-Louis Darlet dès le début de la série II (no 2, 1972). Les travaux décisifs de ce dernier sur le crédit, le capital fictif, la surfusion de la valeur ont conduit J. Camatte à s’éloigner de la stricte loi marxiste de la valeur et ont, semble-t-il, contribué à l’élaboration des notions camattiennes « d’échappement du capital » puis de « mort potentielle du capital » pour aboutir progressivement à l’idée fondamentale pour Camatte qui est celle du capital qui domine la valeur. Dans cette mesure il nous semble que l’article d’Endnotes commet une confusion majeure sur cette même question de la valeur. Il y est dit que « la loi de la valeur domine la vie » alors que pour Invariance et J. Camatte (et pour nous), c’est le capital qui domine la valeur et donc la vie, à partir du moment où il s’est fait communauté matérielle (pour nous Temps critiques à partir de la révolution du capital et de la société capitalisée).



Tout d'abord je soulève le fait qu'on veut me créer une dépendance et que c'est à partir des apports de J.L Darlet et de H. Bastelica que j'aurais été amené à m'"éloigner de la stricte loi marxiste de la valeur". Or c'est par moi que tous deux ont eu accès au marxisme et à l’œuvre de Bordiga. Je note que, avant de les connaître, en 1964-1965 j'ai écrit dans Invariance n° 2 de la première série: "Le VI° chapitre et l’œuvre économique de Marx" publié ensuite avec le titre Capital et Gemeinwesen, "Le capital domine la loi de la valeur et l’égalisation des taux de profit devient présupposition de la production capitaliste : « Le capital apparaît donc comme capital, en tant que valeur présupposée par la médiation de son propre procès, se rapportant à lui-même comme valeur posée et produit, et la valeur posée par lui s’appelle profit ». (Fondements, t. 2, p. 291).



Les travaux de Jean.Louis sur l'au-delà de la valeur ont eu pour point de départ une étude que j'ai faite sur le capitalisme dans "La révolution communiste: thèses de travail" 1969 dont voici quelques extraits à partir desquels sa réfléxxion a opéré.


4.2.8. - Le capital étant la valeur en procès, il apparaît évident qu'il englobe en lui-même un moment οù il y a dévalorisation, il renferme donc une contradiction. Cette contradiction n'est pas statique elle se développe au cours de la vie du capital.sous une forme tangible. C'est la baisse tendancielle du taux de profit.




"La masse du travail vivant employé diminuant sans cesse par rapport aux moyens de production, qu'elle met en mouvement, par rapport aux moyens de production consommés productivement, il faut bien que la fraction non payée de ce travail vivant qui se concrétise en plus-value voie son rapport au volume de valeur du capital total diminuer sans cesse."


On peut exprimer d'une antre façon cette loi en écrivant :





Ceci est vrai si l'on raisonne à l'échelle sociale οù la somme de plus-value est égale à la somme de profit. Le taux de plus-value étant égal à 100% p = ν, la formule précédente est devenue :





en divisant le second membre par ν on obtient la seconde formule  où γ est égal à c/v, qui est la composition organique du capital. Plus elle est grande, plus la productivi du travail est grande. Cette formule nous indique une fonction toujours décroissante, "donc la tendance progressive à la baisse du taux de profit néral est tout simplement une façon propre au mode de production capitaliste, d'exprimer le progrès de la productivi sociale du travail."

 



4.2.9. - L'analyse purement mathématique de la seconde formule ne nous permet pas de faire une étude des limites du mode de production capitaliste. En effet, si l'on considère que la productivité, donc la composition organique du capital, s'accroît indéfiniment, le taux de profit tend vers zéro. Mais la question est de savoir comment il peut y tendre.

 

Jean-Louis me fit remarquer que la formulation mathématique n'était pas correcte ce qui l'incita à reprendre l'étude.


D'autre part j'avais abordé la question du crédit avant les études de Jean-Louis. Ainsi j'avais montré que le but du chapitre sur la rotation du capital du second livre du Capital était de mettre en évidence que le capital ne peu pas se développer sur la base de loi de la valeur, d'où lorsque le capitaliste a besoin d'argent, du fait que la phase de circulation de la marchandise capital est trop longue, il ne recourt pas à l'usure, qui se déploie sur la base de la valeur, mais au crédit. C'est un capitaliste tiers détenant de l'argent capital libéré du procès de production qui fournit l'argent capital nécessaire à la poursuite de la production et ce prêt est garanti par l'activité de l'entreprise emprunteuse. Il n'y a pas d’échanges entre équivalents mais une anticipation de capital. Le crédit est du capital anticipé.



Je ne me suis pas beaucoup occupé du capital fictif, mais plutôt de l’accès du capital au stade de représentation, comme Marx le pose dans le livre IV, qui permet une domination plus efficace sur les hommes. Enfin je ne sais pas ce que veut désigner J.Louis avec la surfusion du capital. En physique la surfusion implique qu'en fonction des conditions de température et de pression un corps donné devrait ou aurait dû changer d'état. On peut donc se demander en quel état se trouve le capital ou bien si le capital ne serait pas atteint d'inchoation et ne parvient pas réellement à entamer sa transformation. D'autre part l'étude que j'ai faite sur la mort potentielle du capital date de 2001 à une époque où déjà depuis quelques années je n'ai plus de contacts avec H. Bastelica et J.L.Darlet. tandis que la mise en évidence de la dynamique de l'échappement du capital fut déjà exposée avec la question de la communauté matérielle du capital. Enfin ce n'est pas à partir de leurs apports que j'ai pu arriver à mettre en évidence l'aporie de l'affirmation: le capital domine la valeur, parce qu'il se substitue à elle, de même qu'il se substitue à la communauté, à la nature etc... C'est-à-ire  que ce qui est substitué existe toujours mais n'est plus déterminé par son devenir propre mais par celui du capital, comme les relations humaines furent, au néolithque, substituées par le mouvement économique fondant la dualité: naturalité artificialité. Ultérieurement nous expliciterons  de façon approfonndie cette nouvelle approche dans un texte: Substitution et Extinction.



Le but de cette note vise seulement à ne pas être confondu, et ce, en dehors de toute manifestation d'inimitié.





Camatte Jacques

11 novembre 2022  
 




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