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POURQUOI PROGRAMME COMMUNISTE ?








Ce qui nous distingue :

- La revendication de la ligne qui va du Manifeste du Parti Communiste à la Révolution d'Octobre et à la fondation de la III° Internationale.

- La lutte contre la dégénérescence de Moscou, le refus des fronts populaires et blocs de la Résistance.

- La tâche difficile de restauration de l'organisation révolutionnaire en liaison avec la classe ouvrière, contre la politique personnelle et parlementaire.



Programme Communiste a donc pour but la restauration de la doctrine marxiste et la reconstruction du Parti Communiste à l'échelle mondiale.







I. - HISTORIQUE.



     Le Parti Communiste a toujours été une organisation mondiale. Depuis son origine, il a mis deux points fondamentaux en avant : l'internationalisme et le fait que l'émancipation de l'humanité serait l’œuvre du prolétariat. Citons quelques étapes.



    La Ligue des Communistes, qui succéda à celle de Justes, regroupait, comme sa devancière, des ouvriers de tous les pays. C'est pour cette organisation que Marx et Engels, qui s'étaient toujours tenus à l'écart (sauf en ce qui concerne la Société Démocratique de Bruxelles) des groupements parce qu'ils les considéraient comme des sectes, écrivirent le Manifeste du Parti Communiste, 1848 : « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ».



     1864. Fondation de la Première Internationale. Celle-ci affirma : »L'émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».



     1889. Fondation de la II° Internationale. Elle fut fondée pour unifier la lutte de tous les travailleurs tant pour l'objectif final : la révolution, que pour ceux immédiats : lutte pour la journée de travail de 8 heures et adoption d'une journée revendicative pour les travailleurs du monde entier : le 1° Mai.



     1919. Fondation de la III° Internationale. Dans cette dernière il n'y avait que trois groupements qui eussent réellement accepté les positions marxistes et qui eussent coupé de façon nette avec la II° Internationale. C'étaient le Parti Bolchévik, le Spartakusbund qui malheureusement devait fusionner (sous la pression de l'Internationale Communiste) avec les Indépendants (1920) et la Fraction Abstentionniste du Parti Socialiste Italien qui devait devenir la Gauche Communiste Italienne. C'est ce groupe qui fonda, en fait, le Parti Communiste d'Italie (on ne parlera de parti italien qu'à partir de 1940).



     Les autres partis subissaient le poids énorme de la tradition social-démocrate et de sa trahison en 1914.



     1921. La Gauche Communiste Italienne apporte la première opposition au sein de la III° Internationale (première opposition avant celle de Trotsky ; d'autres regroupements entrèrent en opposition avant et après, mais ils intégrèrent rapidement la ligne officielle).



     Cette opposition se manifesta sur le plan de la tactique. La Gauche critiquait la tactique du front unique avec les partis soi-disant ouvriers. Elle déclarait qu'il ne fallait pas lier les jeunes partis communistes à ceux qui avaient trahi le prolétariat et contre lesquels les révolutionnaires avaient appelé les ouvriers à la révolte.



     Accepter une telle tactique pouvait amener une dégénérescence opportuniste de la III° Internationale. La Gauche déclarait qu'il ne fallait pas recommencer les erreurs de la II° Internationale et que, si l'on voulait réunir le maximum de prolétaires, il fallait réaliser le front unique syndical.



      D'autre part, le Parti Communiste d'Italie publiait un ensemble de thèses sur la tactique (Thèses de Rome) montrant que tout comme les principes, la tactique était invariante.



     La Gauche Communiste s'opposa avec autant de virulence au mot d'ordre de gouvernement ouvrier qui devait – dans l'esprit des dirigeants de l'Internationale – remplacer le terme de dictature du prolétariat trop « subversif », risquant d'éloigner un certain nombre d'ouvriers. La Gauche renouvela ses avertissements, mit en évidence l'opportunisme naissant au sein de l'Internationale Communiste, condamna la politique de celle-ci qui, lorsque se produisait une défaite (en Allemagne par exemple) rejetait la responsabilité sur les chefs des divers partis communistes taxé tantôt de « droitisme » tantôt de « gauchisme ».



      1926. Le désaccord se porte sur les principes généraux. La Gauche rejeta la théorie du socialisme en un seul pays (féodal d'ailleurs), la considérant comme anti-marxiste. Elle se trouva d'accord, en cela, avec Trotsky et Zinoviev qui avaient mené le combat au sein du parti blochévik. Ils y furent battus. Il en advint de même au sein de l'Internationale Communiste et le stalinisme prit corps. Ce fut le signal de la contre-révolution ouverte. Des milliers de prolétaires furent déportés ou tués, les dirigeants exécutés ou assassinés.



      Après 1927, la Gauche Communiste Italienne refusa de s'allier aux autres oppositions (de faire encore un front unique). La question du parti (de sa liaison avec les masses, avec les syndicats, de son action dans la situation d'alors) l'éloignait de ses dernières.



      Pour la Gauche il était évident que la contre-révolution l'emportait, que la société russe tendait vers le capitalisme ; que ceci n'était pas dû aux erreurs ou aux crimes de Staline, mais à la défaite du prolétariat occidental. On ne pouvait pas réformer quelque chose puisque le chemin emprunté par les Russes était à l'opposé de celui qui pouvait conduire au socialisme.



      Il était nécessaire de faire un bilan, de préserver les énergies révolutionnaires et de préparer l'assaut futur de la part de la prochaine vague révolutionnaire. Comme le disait Marx pour la révolution de 1848 : une crise a amené la révolution, la crise est finie et nous avons été battus ; mais une autre viendra. Il faut battre en retraite et préparer les armées en vue de la prochaine crise. En conséquence, il était inutile de créer une IV° Internationale. Dans une période de recul et de confusion cela ne pouvait aboutir qu'à la destruction des quelques éléments sains. Il fallait agir de la même façon que Marx et Engels :


      a) en 1852 en dissolvant la Ligue des Communistes,


      b) en 1872 en transférant à New-York le siège de la I° Internationale. Après l'échec de la Commune et le triomphe de la contre-révolution dans le monde, elle n'aurait pu être qu'un lieu où auraient fleuri l'opportunisme et les disputes entre différents semeurs de confusion.



      C'est ce qu'en substance la Gauche fit en n'acceptant pas de participer aux tentatives de replâtrage d'un mouvement qui avait épuisé sa potentialité révolutionnaire.



     Cela ne voulait pas dire abandon de la lutte et refuge dans la tour d'ivoire. Avec la publication de PROMETEO en France et en Italie, avec celle de BILAN en Belgique, la Gauche Communiste Italienne poursuivait la tâche de préserver les camarades, de garder un lien entre eux et d'affirmer le Programme Communiste au sein du prolétariat ; défendre ce programme qui allait de plus en plus être falsifié et, finalement, rejeté.



      C'est grâce à ce travail durant l'entre-deux guerres que le « fil » historique n'a pas été coupé et qu'il y a une continuité totale, dans le temps, de l’École marxiste, du Parti Communiste.



     Étant donné que les éléments communistes de la III° Internationale avaient été éliminés au cours de l alutte qui va de 1926 à 1936 (période la plus meurtrière) et que d'autre part, ceux qui se disaient communistes avaient totalement renié dans les faits le Programme Communiste, il était évident qu'il n'était plus possible de parler de Gauche Communiste ; aussi les militants de ce mouvement abandonnèrent-ils cette appellation. Leur but était de reconstruire le Parti Communiste à l'échelle mondiale.



      La seconde guerre mondiale a démontré que la Russie était un pays capitaliste impérialiste, que l’État russe n'était pas au service de la révolution (conception de Staline) et qu'il n'était pas possible que cette dernière triomphât par l'intermédiaire d'une guerre entre Etats.



      Ce fut donc la faillite des staliniens et de leurs opposants trotskystes qui acceptent la Russie sans les péchés de Staline ; la Russie sans le « phénomène bureaucratique » ; qui rêvent d'une Russie démocratique, ce qui est encore une Russie capitaliste. Pour eux, il y aurait là-bas une parcelle de socialisme.



      1943. Première étape dans la reconstruction du Parti Communiste à l'échelle mondiale : formation du Parti Communiste Internationaliste d'Italie. Il reprend la lutte, interrompue pendant la guerre, avec la publication de BATTAGLIA COMUNISTA et PROMETEO puis avec IL PROGRAMMA COMUNISTA et SUL FILO DEL TEMPO enfin, dernièrement, avec un organe syndical : SPARTACO.



      En 1957 commence la publication de PROGRAMME COMMUNISTE qui développe, en langue française, les mêmes positions que celle défendues en langue italienne.



      Le mouvement ne saurait s'arrêter là. Dans tous les pays nous aurons une publication défendant le Programme Communiste. Ce sera le signe externe de l'existence du Parti Communiste à l'échelle mondiale ; parce que cela voudra dire que nous aurons des groupes dans tous les pays.



      Nous affirmons que le mouvement communiste se réduit aux éléments qui sont restés sur les bases programmatiques défendues par l'ancienne Gauche Communiste Italienne. Programme Communiste affirme et démontre cela en même temps qu'elle veut regrouper tous ceux qui veulent instaurer la dictature du prolétariat. Elle proclame que cela n'est possible que si se réforme autour des groupes déjà existants, le Parti Communiste à l'échelle mondiale armé du programme fondamental écrit depuis 1848.





II. - RESTAURATION DE LA DOCTRINE



      Voici les principaux éléments sur lesquels il est nécessaire de refaire clarification.



     a) Nous affirmons avec Marx que la société capitaliste a une évolution catastrophique, c'est-à-dire qu'elle est secouée périodiquement de crises qui se résolvent soit en guerre soit en révolution. La crise de style 1929 qui a été retardée à la suite de divers mécanismes, que la théorie marxiste peut très bien expliquer, ne saurait tarder à se manifester. Elle sera la crise d'interguerre. Après celle-ci, une autre viendra qui se résoudra en guerre si deux faits n'interviennent pas :



     1°) reprise du prolétariat et reconstruction de son parti de classe à la suite de la crise d'interguerre ;


      2°) au moment de la seconde crise, la révolution éclate, dirigée par le Parti Communiste. Avant, il faut l'espérer, que ne se déclenche la troisième guerre mondiale.


     b) Le capitalisme n'a pas changé de nature. Les trois éléments soi-disant nouveaux que théorisent les divers économistes et théoriciens politiques ont été prévus par Marx et sont des temps de la vie du capital.



      1. La disparition du capitaliste en tant que personnage et son remplacement par le bureaucrate, le technocrate. Le capitalisme devient une force sociale impersonnelle qui n'est plus représentée par des individus possesseurs de capitaux, mais par une couche d'hommes qui sont sous sa totale domination. Cela correspond à la phase finale de toutes classe. A l'origine celle-ci intervient directement dans le procès de production, ensuite c'est sa décomposition, le produit de sa pathologie qui défend la forme de production que, dans le passé, au travers d'une révolution, elle a instauré.



      2. Le capitalisme ne se caractérise pas uniquement par la présence des trois classes fondamentales : propriétaires fonciers, capitalistes, ouvriers. Il y a des couches sociales intermédiaires. Les bourgeois parlent de nouvelles classes. Marx a étudié la présence de ces couches. Il n'a pas nié leur existence, mais l'utilité de leur étude pour comprendre le procès de production capitaliste.



      Il a démontré en fait qu'avec le développement du progrès technique la machine aurait de plus en plus tendance à remplacer l'homme. Que de ce fait, le nombre d'individus produisant la plus-value, les ouvriers, tendrait à diminuer, que d'autre part, le nombre d'individus vivant de cette plus-value tendrait à augmenter.



      a) Le capitalisme ne serait plus le capitalisme parce qu'il assure une réserve aux ouvriers. De plus ils se transformerait progressivement, devenant d'abord populaire puis se muant en socialisme. Non seulement cela infirmerait le marxisme, mais cela lui dénierait toute possibilité de s'affirmer. Sa pénétration au sein des masses étant liée à l'existence de la misère ouvrière (théorie misérabiliste et du paupérisme absolu des staliniens).


      En fait, Marx n'a jamais affirmé que le capitalisme ne pouvait pas apporter un amélioration aux conditions de vie des travailleurs. Il savait très bien que la paix sociale que connut l'Angleterre à partir de 1848 était liée au fait que la bourgeoisie anglaise avait pu accorder à la classe ouvrière une partie des surprofits qu'elle prélevait sur le monde entier.


      Marx ne restait pas indifférent devant ce phénomène. Il vitupérait très souvent les chefs trade-unionistes défenseurs de l' « alliance prolétariat-bourgeoisie ». Il étudiait les bouleversements économiques et politiques qui pourraient amener la dislocation de celle-ci. Dans tous les cas, Marx, Engels ou Lénine n'ont jamais pensé que la révolution pourrait naître de la misère absolue. Ils savaient trop bien que la misère est avilissante et tue toute énergie humaine. Or, la révolution est dévoreuse d'énergie.


      Marx et Engels affirmèrent que la réserve, la sécurité apportées par le capitalisme ne peuvent pas être durables. Ils montrèrent que la vie de l'ouvrier est dominée par l'incertitude. Incertitude qui est chômage, diminution des salaires, suppression des heures supplémentaires (seul moyen « barbare » pour l'ouvrier de dépasser le minimum vital)…


      La crise économique viendra et détruira jusqu'à l'apparence de cette « sécurité ». En disant cela nous ne formulons pas un jugement moral. Nous indiquons simplement la réalité du capitalisme.



      b) La révolution russe de 1917 fut une révolution double. Celle anti-féodale, donc bourgeoise, pouvait se développer dans les limites du pays russe. Celle anti-bourgeoise, donc prolétarienne, ne pouvait triompher totalement et contribuer au développement du communisme dans le monde, que si la révolution triomphait en Europe occidentale. Ceci ne se vérifia pas. Le prolétariat fut battu. La théorie du socialisme en un seul pays fut l'interprétation de cette défaite en même temps que sa justification.


      La théorie des voies nationales au socialisme n'est qu'un corollaire de la précédente et correspond au rejet total « de jure » et non plus uniquement « de fait » de l'Internationale, en même temps qu'à la reconnaissance des antagonismes sociaux entre les différents pays du bloc russe.


      Depuis 1926, la Russie tend au capitalisme.


      Depuis 1953, le capitalisme est reconstruit en Russie. C'est la fin de l'accumulation primitive et donc la formation du marché intérieur.


      Depuis 1956, la Russie accède au marché mondial. La théorie de la coexistence pacifique correspond à la justification de cette accession en même temps qu'une propagande pour y accéder le plus largement possible.


      La société russe se caractérise par un déséquilibre énorme entre la campagne et la ville. A la campagne on ne produit pas assez : l'agriculture n'arrive pas à surmonter la crise de la collectivisation forcée de 1929 (par delà toutes les causes du marasme agricole actuel, on peut remonter jusqu'à la réforme bâtarde de 1861), tandis qu'à la ville l'industrie produit à un rythme puissant.


    Á la campagne les kolkhoziens peuvent toujours manger grâce aux produits de leur lopin de terre individuel ; à la ville on nourrit l'ouvrier de grandeur nationale russe et du prestige de la science soviétique.


      Les russes avoueront clairement la nature de leur régime lorsque le prolétariat russe sera amené, à la suite d'une exploitation toujours plus intolérable, à se révolter contre son État. Déjà des nouvelles de grandes grèves sont parvenues jusqu'en Occident.


    Depuis la mort de Staline, les différents congrès ont été des congrès de l'aveu. Mais la presse internationale, les partis de tous les pays et de toute coloration politique ont intérêt à maintenir le mensonge. Mensonge qui permet de justifier, au nom de Moscou, tous les tournants politiques qui sont autant de trahisons.



     c) Les révolutions coloniales qui se sont succédées de 1945 à nos jours sont des révolutions bourgeoises plus ou moins radicales où le prolétariat n'a jamais joué un rôle indépendant. Il n'a lutté, lorsqu'il existait en force suffisante, que pour des objectifs bourgeois : indépendance nationale, création du marché intérieur, donc création d'un capitalisme national.


     Sauf quelques zones où le colonialisme tient encore : Angola, Mozambique et divers territoires africains de moindre importance, le monde entier est formé de nations « indépendantes » ayant un siège à l'ONU. La forme capitaliste s'est étendue au monde entier. La crise économique qui éclatera dans les pays capitalistes avancés touchera aussi ces pays qui, aux époques antérieures, étaient restés en dehors des circuits économiques.


      Le prolétariat existe à l'échelle mondiale. Il doit se constituer en classe et donc en parti politique qui défende ses intérêts immédiats et historiques.


      La révolution anti-coloniale a créé des conditions objectives beaucoup plus favorables qu'il y a 40 ans pour le triomphe de la révolution communiste. Mais, en aucune façon, en quelque lieu du globe que ce soit, ce ne fut une révolution socialiste.


      Par suite de la dégénérescence de la III° Internationale, le prolétariat des métropoles n'a pas aidé la révolte des pays coloniaux. Ce soutien aurait dû en être fourni dans la perspective de la double révolution puisqu'en aucun cas le parti communiste ne doit intervenir dans la question coloniale pour réaliser uniquement des objectifs nationaux.


      Il ne s'agissait donc pas de soutenir inconditionnellement les « directions » de ces révolutions mais d'un appui à la « base », appui au prolétariat en formation, en même temps que dénonciation des dirigeants du mouvement révolutionnaire.


      Nous devons poursuivre et amplifier à l'heure actuelle la critique des « directions » installées en États, et aider le prolétariat autochtone à se séparer de sa bourgeoisie ou des couches sociales au pouvoir. Le but est de former des sections du Parti Communiste dans ces pays nouvellement indépendants.


      d) Il est nécessaire de préciser au maximum :


         - le rapport entre part, classe et État ;

     - le fascisme et la démocratie en tant que deux aspects complémentaires d'une même réalité : la dictature du capital ;

        - notre parti est un parti anti-démocratique.



      e) En France, le prolétariat a, par ses luttes, contribué à la formation du Programme Communiste, mais il ne s'est pas formé de parti marxiste digne de ce nom. Cela est dû aux particularités du développement économique de la France. Le prolétariat industriel ne s'y est développé que très tard. Le relai avec le prolétariat « artisanal » s'est fait durant la vague de révisionnisme, puis durant celle du stalinisme. D'autre part, les paysans parcellaires ne sont réellement expropriés à une vaste échelle qu'à l'heure actuelle. Le capitalisme français était un capitalisme usuraire. Il tend à devenir un capitalisme industriel où le capital financier joue un rôle important dans le développement de la production.


      Le prolétariat français a de grandes traditions de luttes. A l'heure actuelle, les données sociales, historiques et théoriques peuvent se fusionner et le prolétariat pourra donner naissance à de puissantes sections du parti communiste mondial.


      f) La société communiste.


      Marx et Engels ont dédié le maximum de leur énergie à décrire la société communiste. La plus grande falsification du marxisme consiste justement en ceci : les maîtres du socialisme scientifique n'auraient fait que décrire le capitalisme et indiquer le chemin de la révolution ; mais ils n'auraient rien écrit de substantiel sur la société communiste pour la simple raison qu'elle n'existait pas de leur temps. D'où la théorie de la construction du communisme. Or le communisme ne se construit pas. Il se libère des entraves de la société actuelle ; d'où la nécessité de la violence de la part du prolétariat pour abattre le capitalisme. Le communisme existe déjà, prisonnier de notre société.


      L'apparition du communisme ne peut se faire d'un seul coup, ni après une évolution lente et pacifique à partir du capitalisme lui-même. Voici les différents stades qui nous en séparent.


     La révolution, après avoir triomphé en une aire limitée du globe, se généralise à la totalité de celui-ci. Dans les zones où le prolétariat a triomphé, il détruit la machine d’État bourgeois et s'érige en classe dominante, donc en État : c'est la dictature du prolétariat.


      Phase de transition : l’État prolétarien ne peut s'éteindre du jour au lendemain parce qu'il faut lutter contre les anciennes classes possédantes et détruire l'économie mercantile.


      L’État contrôle l'économie dans une proportion toujours croissante. Parallèlement, il y a diminution de la journée de travail (corollaire qui ne travaille pas ne mange pas) et d'autres mesures tendant à améliorer la situation des prolétaires.


      Stade du socialisme ou communisme inférieur : la société est parvenue à la disposition des produits et elle les assigne au moyen d'un plan de « contingentement ». Il n'y a plus d'échange mercantile. Chaque membre reçoit, en échange de son travail, un bon de travail qui lui permet d'acquérir un certain nombre de produits. Ce bon n'est pas accumulable. S'il n'est pas utilisé au cours d'une unité de temps donnée, il est perdu. Ainsi la loi de la valeur tend à être détruite puisque sa base est abolie : l'échange multiple entre équivalents multiples (destruction de la forme générale de la valeur). On se préoccupe uniquement de répartir, de distribuer les produits entre les hommes.


      Ici, l’État n'a pas encore disparu et l'on a encore recours à des règles de droit bourgeois.


      Stade du communisme supérieur ou plein socialisme : Plus besoin d’État, ni de règles de droit bourgeois ; donc plus de contrainte ni de contingentement, pour « assurer à chacun selon ses besoins, à chacun selon ses capacités », en évitant tout gaspillage des produits et de la force humaine.


      Pour cela il faut « ...que l'homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu'ils la contrôlent ensemble au lieu d'être dominés par elle et qu'ils accomplissent les échanges en dépensant le minimum de forces et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à la nature humaine » (Marx). Ce n'est pas encore la définition du communisme supérieur car « cette activité constituera le royaume de la nécessité. C'est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s'épanouir qu'en se fondant sur l'autre royaume, sur l'autre base, celle de la nécessité » (idem).


      Le royaume de la nécessité est dominé lorsque n'existent plus les antiques antagonismes sociaux :


      - plus de classes, plus d’État, donc plus de propriété privée ;

      - plus d'opposition « ville-campagne », l'humanité est répartie harmonieusement à la surface du globe ;

    - disparition de la division travail manuel-travail intellectuel, reflet de la lutte des classes : l'homme social utilise la machine productive pour « créer » un produit social ;

    - dissolution de l'opposition « vie privée-vie publique » ; l'homme social ne connaît plus de politique puisqu'il n'y a plus d'hommes à gouverner ; il y a des choses à dominer ; en conséquence il n'y a plus d'antagonisme entre l'homme social (un être humain) et l'espèce ; l'humanité a retrouvé son unité organique ; plus de dualisme « grands hommes-masse », identique à « esprit-matière » ;


     Donc plus d'antagonisme entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'homme ; on a la vraie solution de la lutte entre l'existence et l'essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. « Il est (le communisme, n.d.r.) l'énigme résolue de l'histoire et se connaît comme cette solution » (Marx).


     Cette société ne connaîtra plus « le ver rongeur de l'inquiétude générale, particulière, perpétuelle, etc... » (Babeuf), l'angoisse sociale, le suicide plus ou moins généralisé de générations déracinées de leur réalité humaine.

 

     Ainsi : « Suppose l'homme en tant qu'homme (donc suppose la société communiste, n.d.r.) et son rapport au monde comme un rapport humain, tu ne peux échanger que l'amour contre l'amour, la confiance contre la confiance » (Marx).





III. LA RECONSTRUCTION DU PARTI.



      Il est évident que cette question est intimement liée à la précédente.


     La propagande se fait sous des formes multiples. Elle doit se développer essentiellement dans les syndicats. C'est là que le parti puisera, recrutera un grand nombre de ses militants. Le travail se fait selon les lignes suivantes :



     a) Démontrer que les différentes centrales syndicales trahissent le prolétariat 1° par adoption des méthodes de fractionnement des luttes revendicatives, 2° par le minimalisme de leurs revendications (en 1884 Engels écrivait que les syndicats devaient inscrire à leur programme l'abolition du travail).



    b) Lutter pour l'unité syndicale. Le syndicale doit regrouper la totalité des prolétaires (il est alors réellement le parlement du prolétariat et, là, le principe démocratique peut jouer).



      c) Démontrer que le syndicat ne peut être un organisme de transformation sociale. Le parti, seul, peut diriger la révolution et la transformation sociale ultérieure.



     d) Le problème du rapport entre la politique et l'action revendicative économique, donc la coupure entre parti et syndicat est un faux problème apporté par les bourgeois au sein de la classe ouvrière. Les luttes économiques débouchent sur un plan politique puisqu'elles s'opposent à l’État bourgeois (exemple : la lutte pour la réduction de la journée de travail depuis l'aube du capitalisme jusqu'à nos jours).



     e) Nous ne créons pas les revendications. Nous voulons qu'il y ait unification des luttes revendicatives afin qu'elles aient une quelconque chance de succès. Voici ces revendications : diminution de la semaine de travail à 36h, de la vie de travail (retraite plus tôt) et cela avec le même salaire ; abolition des abattements de zone ; inclusion des primes dans le salaire ; ne pas contraindre l'ouvrier à faire des heures supplémentaires en lui accordant pour une semaine de travail réduite, un salaire très au-dessus du minimum vital, etc...lutte contre les agressions commises sur des militants ouvriers, etc.


     Le parti se reconstruit sur une base territoriale, c'est-à-dire qu'il se compose de cellules fondées sur l'habitat et non sur le lieu de travail (cellules d'entreprises) ce qui ne veut pas dire que les communistes d'une usine donnée ne forment pas un groupe qui intervient dans les luttes syndicales. Seulement les questions politiques se discutent au sein des cellules de quartier ; ceci afin d'éviter au maximum la séparation entre ouvriers et intellectuels (division du travail), puis le risque que ce soit seulement ces derniers qui dirigent le parti.


     Le fonctionnement du parti se fait selon le centralisme organique. Tous les militants se réfèrent au programme qui est l'autorité suprême. Le programme est énoncé en un certain nombre de points compréhensibles par tous. Les militants seront amenés, de par leurs aptitudes sociales, individuelles, à être au centre ou à la périphérie, au sommet ou à la base du parti. On doit éviter deux déviations :


     1° - La base suffit à décider de l'action du centre dès lors qu'elle a été consultée démocratiquement (ouvriérisme, labourisme, social-démocratie).


     2° - Le centre suprême (comité politique ou chef de parti) suffit à décider l'action du parti et de la masse (stalinisme, kominformisme).


    Les deux déviations conduisent au même résultat : la base n'est plus classe prolétarienne, mais le peuple, la nation.


    Pour ne pas tomber dans ces déviations, il faut qu'il y ait un lien organique entre base et sommet du parti. C'est ce qui est réalisé au mieux par le centralisme organique. Celui-ci ne peut fonctionner avec efficacité que si, parallèlement, il y a :


    a) refus du centralisme démocratique,

    b) anti-individualisme,

   c) anti-carriérisme.


     Dans tous les cas, la révolution n'est pas un problème de forme d'organisation. Il n'y a pas de recettes pour atteindre le socialisme. Il n'y a pas de garanties absolues contre la dégénérescence. Cependant, historiquement, il y a eu sélection : la forme parti est celle qui est la plus compatible avec le programme, la plus apte à faire triompher, et le centralisme organique est le mode de fonctionnement qui se rapproche le plus de celui de la société communiste (le parti est l'embryon de cette dernière). La seule garantie c'est la victoire.


     Le communisme est une exigence mondiale et absolue de la société actuelle. Les masses prolétariennes, en une immense marée révolutionnaire, reviendront battre les forteresses du capitalisme. La destruction de ces dernières, donc la victoire du prolétariat, ne peut se produire que si le parti s'organise mondialement et dirige la lutte. La reconstruction de celui-ci est la tâche primordiale, quotidienne de tous ceux qui veulent le triomphe de la révolution communiste.





1962





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