ACTUALISATION
Quand
j’ai rédigé l’étude sur le VIème Chapitre
j’avais la sensation que j’opérais une actualisation[1]
de la théorie marxiste en tant que théorie du prolétariat. Ceci
s’imposait à
moi du fait de l’investigation opérée précédemment sur l’origine et la
fonction
du parti, sur la démocratie et sur le mouvement ouvrier.
L’actualisation portait
sur le fait de mettre en évidence l’essentialité de la communauté. Je
pensais
que c’était la question fondamentale, présente dans l’œuvre de K. Marx,
mais qui
avait été escamotée. Selon moi, cette actualisation venait se greffer
sur
l’œuvre de restauration du marxisme effectuée par A. Bordiga. Je ne
reviens pas
sur l’œuvre de celui-ci[2],
mais je désire seulement insister sur le fait qu’il avait fait une
rupture avec
l’approche classique «marxiste» au sujet du
développement des
forces productives comme fondement pour l’accession au communisme, ce
qui était
cohérent avec son affirmation que celui-ci était possible depuis 1848
et à sa
considération que désormais, à l’heure actuelle (début des années
cinquante du
siècle dernier), ces forces étaient même trop développées. Ainsi à la
réunion
de Forli, 1952, il exposa un plan de mesures à prendre tout de suite
après la
prise du pouvoir.
« 1.
Désinvestissement des capitaux, c’est-à-dire
destination d’une partie plus réduite du produit aux biens instrumentaux.
2. Èlévation des coûts de production pour pouvoir donner,
jusqu’à la
disparition du salariat, du
marché et de la monnaie, de plus fortes payes, pour un temps de travail
inférieur.
3.
Rigoureuse réduction de la journée de travail, au
moins à la moitié des heures actuelles en absorbant le chômage et les
activités
antisociales.
4.
Réduction du volume de la production à l’aide d’un
plan de sous-production qui la concentre dans les domaines les plus
nécessaires; contrôle autoritaire des consommations, en
combattant la
mode publicitaire pour ceux qui sont inutiles et néfastes;
abolition des
activités assurant la propagande d’une psychologie réactionnaire.
5.
Rupture rapide des limites de l’entreprise.
6. Abolition rapide des systèmes d’assurance de type mercantile, pour substituer l’alimentation sociale des non-travailleurs à partir d’un revenu minimum.
7.
Arrêt des constructions de maison et de lieux de
travail autour des grandes villes et même autour des petites, comme
point de
départ vers la distribution uniforme de la population dans les
campagnes.
Réduction de la vitesse et
du volume du
trafic, en interdisant celui qui est inutile.
8.
Ferme lutte pour l’abolition des carrières et des
titres, contre la spécialisation professionnelle et la division sociale du travail.
9.
Premières mesures immédiates pour soumettre au
contrôle de l’État communiste l’école,
la presse, tous les moyens de diffusion, d’information, et les réseaux
de
spectacles et des divertissements ».
Personnellement,
en 1953, j’ai accepté pleinement une
telle démarche théorique et je citai ces mesures dans un petit article
de 1957:
L’accumulation phénomène capitaliste et non socialiste
ou violence et
réformisme[3],
visant à insister sur le fait que, comme l’affirma souverainement A.
Bordiga: on ne construit pas le socialisme. De nos jours une
telle
formulation reste profondément juste, même s’il ne s’agit plus de
socialisme,
mais de la communauté humano-féminine, et l’on doit rechercher ce qui
la fonde
dans toute sa puissance, hors de la spéciose.
Enfin
cette actualisation je la mettais en rapport avec
la prévision au sujet de la révolution prévue par A. Bordiga pour les
alentours
de 1975, qui imposait de penser les événements à venir afin de leur
être
contemporains et non de retarder de plusieurs années en restant englués
dans les
vieilles approches théoriques.
Les
événements ultérieurs en rapport au mouvement de
mai-juin 1968 m’amenèrent à abandonner la théorie du prolétariat et la
nécessité de la révolution, dés le début des années 70. En conséquence Capital
et Gemeinwesen doit être en quelque sorte délesté de ce qui
est en rapport
avec le prolétariat, le parti, la révolution, mais aussi de la
dimension
polémique qui pactise avec la dynamique rackettiste et qui témoigne du
besoin
spéciosique d’avoir un ennemi afin de s’affirmer.
L’étude
théorique du mouvement du capital réalisée par K.
Marx n’est pas obsolète. Sa justesse a été confirmée; ce qui
s’impose
c’est la mise en évidence de la mort de celui-ci qu’A. Bordiga avait
déjà
proclamée. Avant d’aborder celle-ci il convient de revenir sur le
mouvement
antérieur du capital. Dans le chapitre Le capital
de Émergence de
Homo Gemeinwesen je reviendrai sur la question de la genèse
du capital et
du salariat. Pour le moment je repars de ce qui est affirmé, à partir
de
l’œuvre de K. Marx, dans Capital et Gemeinwesen.
Le capital naît en
tant que rapport social, et ceci est particulièrement affirmé à partir
de la
comparaison avec le mouvement de la valeur. «Dans le mouvement Μ-A-Μ c’est
l’élément
matériel qui apparaît dans le contenu propre (eigentlίche)
du
mouvement;
le mouvement social, lui, comme simple médiation fugitive afin de satisfaire les besoins
individuels.» (ibid. p. 233.) (cf. chapitre Les
formes de la valeur et définition du capital) J’ai
mis une note signalant l’importance centrale
de ce passage, afin de préparer le lecteur au fait que j’allais revenir
sur
cette question et tenter de conduire une approche plus exhaustive, car
ce
n’était pas encore le moment de traiter la question, étant donné que ce
n’est
qu’au moment où le capital s’instaure en tant que communauté que cela
s’impose
dans toute son essentialité. Ainsi je fus amené à reproduire cette
citation
dans le chapitre «Capital et communauté matérielle»
quand j’ai
abordé le thème «Prédominance de l’élément social sur
l’élément matériel»
mais j’ai omis de rappeler le contenu de la note de telle sorte qu’il
put y
avoir comme un escamotage de ce fondement. C’est alors que je complète
l’investigation en faisant la citation suivante: «Dans 1a circulation simple, le contenu de la valeur d'usage n'avait pas d'importance,
l'aspect du
rapport économique lui restait extérieur. Ici,
ce contenu est un moment économique
essentiel de
celle-ci. En effet, 1a valeur d'échange n'est déterminée dans sa propriété de rester elle-même dans l'échange que parce qu'elle s'échange contre la valeur d'usage qui lui
fait face dans sa propre détermination formelle».
(p. 252).
Je la complète par une autre pour mieux faire ressortir l’importance du
mouvement social. «C’est donc uniquement par l’échange de l’argent contre
le travail que peut se produire sa transformation en capital. La
valeur
d’usage contre laquelle l’argent en tant que possibilité de devenir
capital[4]
peut s’échanger, ne peut être que celle de laquelle naît la valeur
d’échange
elle-même, à partir de laquelle elle s’engendre et
s’accroît». (Version
primitive, Ed. Sociales, p. 252)
J’ai
insisté sur ce moment où:
«La valeur d’échange s’est assujetti le mouvement social. Les
hommes entrent dans des rapports de production dont le but n'est plus la valeur d'usage, mais la valeur d'échange. Celle-ci peut maintenant fonder une communauté matérielle stable, c'est-à-dire ne résultant plus uniquement de rapports accidentels.» (Capital
et Gemeinwesen) parce que c’est à partir de la réalisation de
cette
communauté que peut se déployer l’autonomisation du capital où,
formellement, il
se manifeste de la même façon que le mouvement de la valeur avec
l’argent dans
sa troisième fonction dont parla K. Marx, celle où il est monnaie
universelle
et où s’impose un rejouement. L’espèce, en Occident, avait voulu
échapper à un
tel mouvement apparaissant comme irrationnel, magique et escamoteur du
réel et
pourtant, avec le capital, elle se retrouve au sein de
celui-ci.
«Le procès de production apparaît comme un
intermédiaire inévitable, un mal nécessaire pour faire de l'argent. C'est pourquoi les nations adonnées au mode de production capitaliste sont prises périodiquement du vertige de vouloir faire de l'argent sans l'intermédiaire du procès
de production ».
(Le Capital, Livre
II, t. 4, p. 54). (Cf. chapitre
Importance de la définition du capital valeur
en procès et conséquences qu’elle implique). C’est la réaffirmation de
la
spéculation mais à une échelle plus vaste, spéculation qui va devenir
en
quelque sorte le comportement de l’espèce capitalisée. Dés lors
s’impose une
question jamais explicitée: qu’est-ce que l’espèce cherche,
en fait et
depuis longtemps, à escamoter? À noter que dans cet
escamotage se loge
l’obsolescence des hommes et des femmes. C’est aussi de façon mystifiée
l’affirmation du désir de l’espèce d’échapper à la malédiction du
travail et,
peut-être celui de retourner à la cueillette.
Avec
la
spéculation hommes et femmes expriment également, de façon
inconsciente, un
autre désir, celui de ne pas dépendre, d’échapper (spéculer c’est
s’échapper) à
la dépendance, qui a des racines fort anciennes, puisqu’on le trouve
déjà dans
le récit de la création ex-nihilo. En même temps qu’il y a affirmation
de la
volonté de donner forme (intervenir, construire) et celui d’opérer une
substitution, ce qui implique, à quelque niveau que ce soit, le recours
à la
magie et à la répression. Le lecteur comprendra, en conséquence, l’essentialité
du refus de la volonté de construire le socialisme, dont j’ai fait
mention
précédemment.
La
formation de la communauté matérielle s’effectue en même temps que le
rapport
social se réifie et que s’impose une socialisation de la production qui
doit
être remise en cause afin d’éviter l’inhibition du mouvement du capital
équivalent à une dévalorisation-décapitalisation et le déploiement de
l’autonomisation (de l’échappement) et, en conséquence,
l’anthropomorphose du
capital devenant sujet tandis que les hommes et les femmes deviennent
objets
réifiés. Ceci s’effectue au travers de la réalisation de ce que nous
avons
transitoirement nommé la classe universelle, et le développement du
gaspillage.
À ce sujet j’ai commencé une investigation au début des années soixante
dont je
reporte deux citations. « …le
capitalisme sort de la
satisfaction des besoins matériels, de la vie matérielle de l’homme. Il
y a
satisfaction de la vie du capital et donc création de besoins
artificiels chez
l’homme, de ce fait elle provoque chez lui insatisfaction, inquiétude,
désir de
possession de nouveaux produits; c’est lui qui est dévoré par
le
capital. »
«Les jouets
de l’enfant correspondent aux loisirs des adultes. Gaspillage que toute
cette
industrie fondée sur une vision
absolument fausse de ce qu’est l’enfant. Celui-ci, en
fait, ne veut pas
qu’on le distraie, il veut devenir un homme. Le droit à l’existence "autonome" de l’enfant, c’est-à-dire à ce que
l’enfant ne soit plus
totalement assujetti aux difficultés de l’adulte, la reconnaissance de
sa "personnalité" a été traduite par le capital de la
façon
suivante: créer chez l’enfant des besoins en jouets
capitalistes;
développer chez lui l’individualisme, c’est-à-dire en faire une maison
de
commerce autonome devant acheter et vendre. » (Plan au sujet
de
capitalisme et communisme, 1962)[5].
Depuis,
le gaspillage a pris une dimension universelle et
l’on peut considérer qu’une grande partie de l’humanité est dédiée à
cette
fonction, comme cela apparaît dans l’étude sur le travail productif et
improductif, et à la nécessité de la généralisation de la forme
salariale pour
contrôler l’activité des hommes et des femmes.
Mais ce n’est pas tout: en rapport au phénomène
capital autonomisé,
l’activité de celles-ci et de ceux-ci se manifeste comme un gaspillage.
Dés
lors s’impose leur obsolescence ce qui rejoint l’escamotage exposé plus
haut.
En conséquence à nouveau qu’est-ce qui se rejoue? La menace
d’extinction.
Or celle-ci se réaffirme, également, au travers de l’activité de
l’espèce et de
son pullulement. La nature est désormais quasiment détruite. Il n’en
reste que
quelques lambeaux au sein de la combinatoire environnementale. De ce
fait
l’ensemble des êtres vivants ne peut plus opérer de façon à maintenir
les
conditions pour que le procès de vie puisse perdurer en sa totalité.
La
sortie de la sphère de "satisfaction des besoins
matériels" de l’espèce, qui s’accompagne de la persistance de
la pénurie
pour la grande majorité des hommes et des femmes, conduit au gaspillage
généralisé. Dés lors cette notion perd de sa consistance puisqu’il n’y
a plus
de référent. Ce qui s’actualise c’est la destruction généralisée.
L’humanité
a connu originellement une menace énorme. Elle
est en train de la réactualiser de telle sorte que le risque
d’extinction est
vraiment possible[6].
Depuis le début elle a tenté de le conjurer et de sortir du blocage
induit par
celui-ci. Avec le mouvement du capital, elle en sort, entreprenant une
dynamique de libération, mais à travers un recouvrement énorme et une
sortie
totale de la nature, vécue et rejouée comme une sortie de blocage et de
dépendance[7]
Nous parvenons au bout du phénomène de substitution - une composante
fondamentale de la spéciose[8]
- devant mettre l’espèce en sécurité mais, en fait, la menace se
réaffirme au
travers même de ce qu’elle a produit: le capital, dont la
mort ne
signifie pas l’évanescence de la menace mais au contraire, la puissance
de sa
réalisation possible et proximale.
En
rapport avec la mort du capital, comment se pose la
question du communisme qui, selon le courant marxiste lui était lié,
puisque
d’après ses théoriciens le second était engendré par le premier, ce qui
n’empêchait pas l’affirmation d’une dynamique conflictuelle:
les
prolétaires, porteurs du nouveau mode de production, devaient détruire
le
capitalisme? Cette perspective antagonique s’est maintenue
jusque dans
les années quatre-vingt du siècle dernier[9].
Depuis, elle a subi une évanescence de plus en plus poussée. Divers
facteurs
ont contribué à cela qu’on ne peut aborder ici.
J’ai
traité du rapport capitalisme communisme dans le
chapitre La mystification du capital.
L’actualisation impose
d’indiquer que tout cela ressort maintenant pleinement du passé et ne
peut être
considéré que comme un moment dans l’accession au posé fondamental de
l’instauration d’une communauté des hommes et des femmes en symbiose
avec tous
les êtres vivants. Mais cela ne se manifeste pas immédiatement pour le
moment
car, au contraire, on assiste à la dynamique que l’on peut en première
approximation désigner avec les termes de K. Marx: la
contre-révolution
réalise les tâches de la révolution. Cela apparaît clairement, par
exemple, avec
le dépassement des nations et la mondialisation qui est une réalisation
mystificatrice de l’internationalisme prolétarien.
La réalisation de la communauté matérielle a constitué le support de la théorisation de la production du communisme au sein du capitalisme. En fait, on l’a vu, cette réalisation, correspondant d’ailleurs à celle de la socialisation, a été dépassée par le mouvement du capital avec une fragmentation de celle-ci, voire une destruction (homicide des morts), et la production d’une universalisation comme cela s’impose avec la déclaration universelle des droits de l’homme, des droits de l’enfant, etc. La communauté matérielle fragmentée, dissociée, se complète d’une multitude d’abstractions (envahissement du droit) où tout contenu humain, féminin, s’est évanoui. L’universalité implique non seulement des individus, mais des individus dissociés - terrain de développement du phénomène des personnalités multiples – et supports pour le déploiement de la comparaison (euphémisme de l’antagonisme) et de la combinatoire.
La
mort de ce qui apparaissait comme étant le communisme
au sein du capitalisme implique non de rechercher sur quoi fonder, ou
construire, la communauté humano-féminine, mais de s’ouvrir pleinement
à
l’investigation de comment cheminer pour qu’elle se réalise.
La
mort du capital contemporaine de l’évanescence de la
production perdant son caractère d’activité paradigmatique par
excellence, il
en résulte que l’utilisation de la représentation du déroulement de son
procès n’est
plus opérationnel pour exposer celle de l’activité des hommes et des
femmes, et
le mode selon lequel ceux-ci se comportent de façon antagonique
(dynamique de
l’exploitation). En effet, nous l’avons déjà signalé, désormais, il
serait
possible d’attribuer à chacun, chacune, un quantum de monnaie
(prépondérance du "capital financier") pour effectuer son procès de
vie. Cela tend amplement
à se réaliser de façon mystifiée en conservant et en renforçant
toujours plus la
dimension répressive grâce à divers organismes internationaux intégrant
l’action des divers États (Fonds monétaire international, Banque
mondiale,
Organisation mondiale du commerce, etc.).
L’investigation
au sujet de l’instauration d’une
communauté des hommes et des femmes a été ma préoccupation constante
et, depuis
1968 elle a été soumise à diverses actualisations dont la plus
importante est
celle effectuée avec Émergence de Homo Gemeinwesen.
Bien qu’elle ne soit
pas achevée, une autre s’est amorcée, qui est en cours d’effectuation,
avec la
mise en évidence que tout le développement de l’espèce est déterminé
par la
répression. Mais une autre encore s’impose[10].
concernant la
dynamique tant individuelle que "collective" de la
libération-émergence (ce qu’en jargon ancien on pouvait concevoir comme
la
praxis) grâce à laquelle la communauté des hommes et des femmes pourra
advenir.
En
ne rejouant plus la menace d’extinction et en
abandonnant de façon plénière, intégrale, la dynamique de répression,
nous
parvenons à une fin et à un commencement se manifestant comme l’accès à
une
discontinuité transitoire et à une continuité fondamentale définitive,
le
phénomène constitutif de Homo sapiens, c’est-à-dire la mise en place
d’une
communauté sans laquelle son procès de vie ne pouvait pas se
réaliser:
intégration du caractère prématuré du bébé, renforcement de la relation
géniteurs enfants et de celles entre les membres de la communauté avec
l’essentialité de la relation sexuelle pour la mise en continuité, et
la
réalisation de la connaissance, déploiement de la réflexivité[11].
À
partir d’une autre approche nous pouvons dire: étant
donnée l’augmentation de la population, avec les conséquences qui en
découlent,
en particulier au niveau des variations climatiques (augmentation
globale de la
température avec perturbations diverses au niveau local) et celui de la
destruction des autres espèces, hommes et femmes ne peuvent maintenir
le phylum
Homo qu’en engendrant Homo Gemeinwesen, qu’en se constituant en une
nouvelle
communauté non séparée du reste de la nature, constituée de l’intégrale
d’une
multitude de communautés «basales» dont la
diversité sera liée au devenir
antérieur, aux conditions ambiantales, etc.
La
remise en continuité avec la totalité signifie la fin
de l’errance - se
manifestant à la fois
par son rejet et sa perte, et la recherche effrénée de la retrouver à
travers
des substitutions – l’aptitude à vivre pleinement dans la sérénité
(dans
l’affirmation) et dans l’éternité, modalité d’être, de jouissance, du
cosmos.
Juin
2009
[1] Les mots sont le plus
souvent lestés de sens
qui ne conviennent pas à ce qu’on veut désigner. Ainsi actualisation
est en
rapport à actualité avec toute sa charge immédiatiste.
[2]
Un certain nombre
de textes d’A. Bordiga ont été publiés dans Invariance
et beaucoup dans
la revue de F. Bochet (Dis)continuité (cf.françois.bochet@free.fr).
[3]
Dans Communauté
et devenir il y a
quelques indications concernant cet article ainsi que d’autres, rédigés
entre
1957 et 1965 (cf. à la fin de la liste des publications de 1989 à 1993).
À
propos de la volonté de construire on doit la rapprocher de celle
d’intervenir au sein de ce monde. Elle se manifeste fortement chez les
actionnaires qui sont en fait les porteurs les plus acharnés du
mouvement du
capital autonomisé, ses agents réels et effectifs.
[4]
J’ai traduit
ainsi : «das Geld als Möglichkeit nach
Kapital »
(Grundrisse, p. 944), qui signifie littéralement: " l’argent en tant
que possibilité d’aller (de tendre) au capital", ce qui
exprime de façon
percutante le devenir. Les traducteurs des Éditions Sociales ont
écrit :
«…l’argent, capital virtuel,…», ce qui me semble faux du
point de vue
théorique, et rigidifie un procès. Parler de capital virtuel implique
qu’il eut
été nécessaire pour le faire advenir capital une intervention
extérieure, comme
celle du sculpteur pour faire advenir la statue, virtuelle dans le
marbre. Il
eut mieux valu mettre potentiel car, dans ce cas, le devenir est bien
interne,
comme le chêne existe potentiellement dans le gland. Mais cela ne
traduirait
pas encore rigoureusement la pensée de K. Marx qui raisonne au niveau
de la
possibilité, laquelle n’implique pas une potentialité totale, pour
ainsi dire
absolue. Ce n’est que lorsque le capital est advenu que toute somme de
valeur
est potentiellement capital.
[5]
Cf. note 3.
[6] La menace
originelle fut celle du
risque d’extinction. L’espèce tend à réactualiser ce risque, à le
rejouer. Ce
rejouement englobe et conditionne tous les autres que nous avons
évoqués (cf.,
par exemple, ce qui a été dit au sujet du capital dans sa dimension
financière
et l’argent dans sa troisième fonction).
[7] Cf.
« G. Mouvement du capital –
Fixation des hommes » dans le chapitre Travail productif et
travail
improductif de Capital et Gemeinwesen.
[8]
“On
peut aborder l'étude de la spéciose à partir de huit composantes -
déterminités
qui, certaines, ne sont présentes dés le début que potentiellement, et
ne
seront opérationnelles que bien plus tard: il faut un procès de
révélation en
quelque sorte; tandis que d'autres, au contraire, vont tendre à être
masquées au
cours du temps. Elles ne sont pas indépendantes et n'opèrent pas
séparément;
elles se présupposent et s'impliquent mutuellement, ainsi que la
totalité,
c'est-à-dire l'espèce se spéciosant, se domestiquant, tendant par
auto-obsolescence à un vaste suicide. Ce sont: Affectation, Menace,
Refus et
Séparation, Surnature, Répression, Compensation et autonomisation,
Déversement,
Substitution ».
L’environnement
est la substitution de la nature,
le mouvement pour le mouvement celle de la continuité. La vogue de
«l’illimité»
signale la nostalgie de celle-ci.
[9] En conséquence
ce que j’écrivis en
1970 dans Remarques n’est plus
valable. «Ainsi, à l’heure actuelle, la
société du capital domine
au nom du travail et non au nom de la valeur ».
[10] Pour
moi les diverses actualisations
permettent aussi de maintenir la continuité avec le cheminement
antérieur des
hommes et des femmes.
[11] Cf. à ce propos Tragling dans glossaire.html et Données à Intégrer dans Émergence de Homo Gemeinwesen